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"Quand un auteur fait un roman, il le regarde comme un petit monde qu'il crée lui-même; il en considère tous les personnages comme ses créatures, dont il est le maître absolu. Il leur peut donner des biens, de l'esprit, de la valeur, tant qu'il veut, les faire vivre ou mourir quand il lui plaît, sans que pas un d'eux ait droit de lui demander compte de sa conduite; les lecteurs mêmes ne peuvent pas le faire, et tel blâme un auteur d'avoir fait mourir un héros de trop bonne heure, qui ne peut pas deviner les raisons qu'il en a eu, ni à quoi cette mort devait servir dans la suite de son histoire".
Lorsque Valincour tient ces propos en 1678, peu après la parution de La Princesse de Clèves, le genre romanesque vient de subir une profonde mutation qui affecte autant ses structures que son imaginaire. Ce renouvellement générique se mesure précisément dans le traitement de la mort, péripétie chère à l'univers fictionnel du XVIIe siècle. A la croisée des champs dramatique, esthétique, rhétorique et symbolique, elle constitue un puissant enjeu narratif qui informe la plupart des récits des années 1660 à 1680, avant de leur donner sens.
C'est ainsi qu'en œuvrant à la mort de leurs "créatures", dans le monde clos de l'espace textuel, les écrivains classiques apportent au lecteur moderne un témoignage précieux sur leur nouvelle conception du roman.