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Réputés difficiles et abscons, les poèmes de Pindare ont, de l'Antiquité à nos jours, suscité une masse considérable d'études. Cette difficulté est même devenue une fin en soi : elle attise la curiosité plus qu'elle ne décourage les exégètes. Longtemps la tradition érudite se contente d'approcher le sens par approximation synonymique, l'essentiel étant de comprendre à peu près ou en gros. De la même façon que l'auditoire antique s'intéresse avant tout au spectacle chorégraphique et musical déploré sous ses yeux, les traducteurs anciens se soucient uniquement de l'effet général produit par la transposition en leur langue de textes issus d'une époque fort éloignée de la leur. Il s'agit moins en l'occurrence de comprendre que de partager une expérience littéraire avec ses contemporains. Entre contingence (linguistique, culturelle, historique) et nécessité (sémantique et herméneutique), la folie de Pindare accède à une signification esthétique transcendant le sens proprement dit. Faute de comprendre (bien on vraiment), le traducteur recompose et crée, en donnant forme à un métatexte, évocateur et suggestif, lequel inclut le paratexte, autrement dit un texte second ou nouveau renfermant tout ce que son auteur a compris et pense devoir transmettre de celte compréhension. La traduction se révèle ainsi sémiologie de l'entendement subjectif.