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L'essor des villes au XIIe siècle s'accompagne de l'apparition d'un nouveau groupe social, les intellectuels. Ces magistri qui écrivent, enseignent et se déplacent à travers l'Europe naissante commencent de peupler, à partir du règne d'Henri II Plantagenêt, les cours des puissants à la recherche d'un personnel qualifié pour structurer une administration en gestation, ce qui offre aux ambitieux l'occasion de faire carrière, même s'ils sont d'origine modeste. Pierre de Blois, issu de la petite noblesse bretonne, appartient à ce groupe émergeant. Maître ès arts et poète célèbre, il se laisse emporter par la perspective d'un rôle de premier plan et se retrouve d'abord à la cour royale de Palerme, précepteur du jeune Guillaume II et garde des sceaux. Revenu en France après l'échec politique de l'équipe qu'il avait suivie en Sicile, il est appelé par Henri II en Angleterre. Cependant, au sortir d'une grave maladie, rongé de remords, il quitte ses fonctions auprès du roi pour offrir ses services aux deux successeurs de Thomas Becket à Cantorbéry. Véritable cas d'espèce, Pierre de Blois n'a pas voulu profiter des avantages que lui réservait sa position privilégiée pour rejoindre le cercle dirigeant de son temps. Pris dans un conflit devenu pour lui presqu'existentiel au fil des ans, il condamne finalement, au nom de sa déontologie, son ambition de vouloir jouer un rôle prééminent : diacre, il ne doit pas s'engager dans les affaires du monde. La peur des compromis, voire des compromissions, l'a donc fait renoncer au but ultime de nombreux magistri, l'épiscopat, et à l'exercice d'un pouvoir spirituel et temporel. S'il s'est contenté du rang d'archidiacre, il ne s'est pas lassé d'encourager les décideurs de l'époque à résoudre son propre problème : accorder action publique et préceptes chrétiens.