Fausses nouvelles, propagande, populisme, démagogie, pseudosciences... Est-il simplement possible de lutter contre ces dérives qui meublent parfois le paysage sociopolilique, tant au niveau national qu'international ? Quelle est la responsabilité de l'institution scolaire par rapport à celles-ci, d'autant plus qu'il n'est pas rare d'y retrouver de soi-disant ancrages dans les savoirs disciplinaires ? Pour préparer les jeunes à ne pas prendre pour acquis tout ce qu'on leur raconte, pour qu'ils soient en mesure de prendre leurs distances par rapport à ce qu'ils lisent ou voient sur le web, dans les médias et, pourquoi pas, dans leurs apprentissages scolaires, et afin de les outiller à se construire une représentation distanciée et éclairée des situations auxquelles ils font face, il devient fondamental que l'école les prépare à exercer leur pensée, a fortiori leur pensée critique.
L'institution scolaire est investie de plusieurs missions. Mais entre socialiser, qualifier, instruire ou éduquer (pour ne nommer que celles-là), quelle devrait être la priorité de l'école ? Les positions divergent à ce sujet. Il en ressort néanmoins que la seule mémorisation d'informations ne saurait suffire, tout comme la pratique isolée d'une série d'habiletés, pour contribuer de manière significative au développement de l'agentivité.
C'est pourquoi, au-delà et à travers l'appropriation de contenus disciplinaires, la formation de la pensée demeure incontournable. De fait, la pensée et à plus forte raison les processus dans et par lesquels elle se met en oeuvre sont au coeur non seulement des processus d'apprentissage, mais également de ceux menant à des prises de décision, à des actions ou à la construction des savoirs. Une "tête bien pleine", certes, mais pas au détriment d'une "tête bien faite".
Une "tête bien faite", certes, mais pas au détriment d'une "tête bien pleine". Ces deux aspects gagnent à être pensés ensemble, à entrer en dialogue. Or, tous les domaines d'apprentissage (auxquels correspondent des disciplines) présentent tant des particularités que des points de rencontre dans les manières dont s'y déploie la pensée. Qu'en est-il, dès lors, d'une formation visant à développer la pensée des élèves, qu'elle soit disciplinaire ou non ? Et qu'en est-il du développement de la pensée critique ? De quelle manière, le cas échéant, l'exercice d'une pensée disciplinaire fait-il inévitablement appel à celui d'une pensée critique et, inversement, est-il possible de penser de manière critique sans faire appel à une forme ou une autre de pensée disciplinaire ? Ce sont ces questions qui alimentent l'esprit de cet ouvrage dans un effort conjoint de réfléchir, à partir d'horizons disciplinaires variés, sur les enjeux de la spécificité et de la transversalité des pensées disciplinaire et de la pensée critique, et ce, tant en formation qu'en recherche.
Le tout, dans le souci de créer des ponts favorisant le développement des capacités d'autodétermination des élèves, idéalement de manié e t an sale