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En Italie, les expressions « C’est toi, l’Amnésique de Collegno ? » ou « Qui es-tu, Bruneri ou Canella ? » font partie de la langue courante. C’est dire si le cas de Giulio Canella fit — et continue de faire — grand bruit, cas judiciaire, psychiatrique et médiatique dont s’emparèrent des auteurs tels Sciascia ou Pirandello. Pendant la Première Guerre mondiale, le capitaine Giulio Canella, blessé à la tête, tombe entre les mains de l’ennemi en 1916. Après le choc physique, le trauma : Canella perd la mémoire. Il est déplacé de camp en camp entre la mer Noire et Constantinople. À la fin du conflit, Canella passe de l’état de prisonnier à celui de clochard. Ayant tout oublié — son nom, sa famille, sa patrie, son passé — il erre et vit d’expédients. En 1926, il est arrêté en Italie par des carabiniers : confus, suicidaire, il est hospitalisé dans un asile. Au bout d’un an, sur l’initiative de son médecin, sa photo est publiée dans les journaux avec cette question : « Qui le connaît ? » C’est alors que commence l’Affaire. Tout d’abord formellement identifié par sa famille, il est ensuite dénoncé dans une lettre anonyme : l’amnésique ne serait pas Canella, le brillant professeur de philosophie, mais Bruneri, un simulateur, un vulgaire malfrat recherché par la police. S’appuyant sur le journal intime tenu par le patient lors de son internement à l’hôpital de Collegno ainsi que sur les archives familiales, Christine Dal Bon reprend l’ensemble du dossier. Par la voix de Giulia, épouse de Giulio, elle démêle l’étonnant imbroglio entrecroisant, dans une ambiance délétère, pressions fascistes, machinations de hauts dignitaires du Vatican et corruptions de type mafieux, et dans lequel Canella et ses proches furent pris au piège des années durant.