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Peut-être les lecteurs qui se souviennent de L'Adoration seront-ils surpris de découvrir que ce n'est nullement ce sentiment que les dieux inspirent à l'auteur. Ce qui en eux le fascine, ce n'est pas leur (improbable) immortalité mais leur mortalité au contraire, leur précarité et à la fois, paradoxalement, leur permanence ou leur recommencement, sous quelque forme que de mythe en mythe ceux-ci s'incarnent. Simone Weil elle-même voit en Osiris une préfiguration du Christ ; bien avant la Vierge des chrétiens, Isis n'est pas la seule non plus à avoir été une Vierge mère, Aphrodite ou Frieda, Zeus, Odin ou le Dieu des armées, ce sont de mêmes divinités aussi que les hommes d'âge en âge ont vénérées ou implorées. Plus que leur miséricorde ou leur bonté, c'est la cruauté des dieux qui jusqu'à la hantise frappe l'auteur, lequel ne manque pas non plus de s'interroger sur le sentiment de culpabilité, d'en lire la source dans cette injuste cruauté même : qui a, d'Œdipe et d'Adam, fait des coupables ? Par contrecoup, c'est la nostalgie de l'innocence qui anime de bout en bout ces fragments qui, arrachés vifs à l'auteur, n'ont à aucun moment la présomption de se tenir pour l'ombre même d'une "méditation".