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Une ville, la "cité noire", Padoue, qui est celle de l'auteur. Ville universitaire qui compte un étudiant pour quatre habitants. Un personnage central, Franco, chef de l'organisation néo-nazie Gruppo d'ordine, dans l'intimité duquel Camon nous fait entrer. En face de lui, Miro, ancien séminariste, fondateur de Potere rivoluzionario. Il y a parfait accord entre les deux mouvements sur la nécessité stratégique première d'abatttre de fond en comble l'édifice bourgeois.
Sur ses ruines, les uns entendent construire, au nom de l'Occident chrétien, une société hiérarchisée où les "élites" disposeraient à leur gré des "inférieurs" ; les autres, mettre fin à l'inégalité. Entre les deux violences, l'absence du mouvement ouvrier organisé est totale. Mais des liens plus subtils existent de l'une à l'autre. Les infiltrations, la contamination entre elles sont constantes. Tout se passe comme si la violence commune était plus forte en définitive que les "idées" opposées, pour aboutir à un égal délire idéologique. Non le même cependant. Car des différences subsistent, profondes, dont Camon rend compte à l'aide de très simples et justes notations. Roman épique, roman politique, roman théorique aussi, d'une pensée intrépide, ferme et lucide. Peut-être ne devons-nous pas nous étonner qu'un tel livre nous vienne d'Italie où les symptômes de ce temps se sont extériorisés avec plus d'intensité que partout ailleurs.