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" La passion de la pédérastie, surtout lorsqu'elle a été contractée dans le jeune âge, abâtardit les natures les plus vigoureuses,
effémine les caractères les mieux trempés et engendre la lâcheté. Elle éteint chez ceux qu'elle possède les sentiments les plus nobles, ceux du patriotisme et de la famille ; elle fait d'eux des êtres inutiles à la société. " Ainsi s'exprime Félix Carlier, chef de la police des
mœurs à Paris, dans les années 1850. Et le Dr Ambroise Tardieu, médecin-chef des hôpitaux, professeur agrégé à la faculté de médecine de
Paris, expert auprès des tribunaux, de surenchérir : " [...] Il est difficile de ne pas admettre chez les pédérastes une véritable perversion des facultés morales. A voir la dégradation profonde, la révoltante saleté des individus qui recherchent et qu'admettent près d'eux des hommes en apparence distingués par l'éducation et par la fortune, on serait le plus souvent tenté de croire que leur sens et leur raison sont altérés. " C'est que nous sommes à l'apogée de l'empire de " Napoléon le petit ".
C'est le règne des grands bourgeois, des banquiers et d'un ordre moral strict sur lequel la Police, et bientôt la Médecine, sont chargée de veiller sans relâche. La répression de l'homosexualité devient alors l'obsession des autorités : incarcération, internement en hôpitaux psychiatriques, suicide, chantage, tel est le lot du " pédéraste " sous le Second Empire. Avec Nos ancêtres les pervers, Pierre Hahn, historien et pionnier du militantisme gay dans les années 1970, fait revivre pour nous cette époque charnière de l'histoire de l'homosexualité en France.