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" Quand il avait quitté Paris, dix ans plus tôt, pour venir habiter à Saint-Ange-des-Bois, Monsieur Ladmiral avait fait savoir, pour vanter la maison qu'il achetait, qu'elle était à huit minutes de la gare. C'était presque vrai à cette époque. Par la suite, et à mesure que Monsieur Ladmiral vieillissait, la maison avait été à dix minutes, puis à un bon quart d'heure de la gare. Monsieur Ladmiral n'avait constaté ce phénomène que très lentement, n'avait jamais su l'expliquer et, pour mieux dire, ne l'avait jamais admis. Il était entendu qu'il habitait toujours à huit minutes de la gare, ce qui n'était pas fait pour simplifier la vie ; il fallait jouer avec les pendules, faire de faux calculs, prétendre que l'horloge de la gare avançait, ou que l'heure du train avait été changée sournoisement ; Monsieur Ladmiral, dans le temps où il allait encore à Paris, avait même manqué des trains, héroïquement, pour qu'il ne fût pas dit qu'il habitait à plus de huit minutes de la gare. " Monsieur Ladmiral va mourir, et par petites touches, Pierre Bost livre un récit intimiste et pur, qui exhale tout au long de ses pages une fraîcheur presque douloureuse à force de tendresse implicite, d'extrême bonheur, mais également de résignation aux décrets irrévocables de la mort.
Pierre Bost livre un récit intimiste et pur, qui exhale tout au long de ses pages une fraîcheur presque douloureuse à force de tendresse implicite, mais également de résignation aux décrets irrévocables de la mort.