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Les poèmes de Kiki Dimoula ne ressemblent à rien. Peu de poètes donnent cette impression de nouveauté radicale. Cela commence par ses sujets, si étranges - étranges à force de ne pas l'être, infimes le plus souvent, tirés du quotidien le plus banal. Un paysage sans histoire. Une goutte de sang. Un objet familier, bibelot, table basse, cassette audio, répondeur. Pas de personnages. Une voix qui parle, seule mais entourée d'absents qu'elle interpelle : êtres chers disparus, ou soi-même autrefois, ou encore Dieu - un Dieu dont on ne sait trop s'il faut y croire. À leur façon pourtant les poèmes de Dimoula sont grouillants de vie. Un torrent d'images les irrigue, inattendues, audacieuses, se chassant l'une l'autre à toute allure. L'humble réalité qu'elles décrivent acquiert une vie intense, presque angoissante, vue à travers ces verres grossissants qui en la métaphorisant la métamorphosent. Allusifs, parfois obscurs, ces poèmes ont sur leurs lecteurs un effet étonnant. Kiki Dimoula, née à Athènes en 1931, est lue, admirée, aimée par une foule de gens dont certains lisent peu. La Grèce a beau être le paradis des poètes, un tel traitement n'est réservé qu'à une poignée d'entre eux, et de nos jours à la seule Dimoula.