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En dépit des apparences, ce ne sont pas des différences entre les hommes que le désir engendre mais leur absolue égalité. Parce qu'il est mimétique, le désir débouche sur le même, et ce même est le différend. Cesareo Bandera piste ici le désir mimétique en divers épisodes du Don Quichotte de Cervantès et de La Vie est un songe de Calderon. Etablissant le lien qui unit chacun à son oeuvre, il en élucide la grandeur. Particulièrement éclairante est son analyse de la relation de Cervantès à son héros. Cervantès entend s'en moquer mais découvre que son anti-quichottisme est une espèce de quichottisme violemment dénié. II lui arrive avec le Quichotte ce qui arrive souvent à ses personnages avec l'ingénieux et fol hidalgo, quand la moquerie se retourne contre eux. Le roman se convertit ainsi lui-même en une vaste et pénétrante réflexion sur l'acte de la création. La vie est un songe : la comédie est un reflet de la vie, dans l'exacte mesure où la vie est un reflet de la comédie. L'art et la vie réagissent comme deux miroirs en vis-à-vis. Le désir mimétique est à l'origine de la fiction littéraire. Le roman et le théâtre ne font que refléter la discorde que le désir attise la mimésis est conflictuelle. Si Cervantès et Calderon furent les premiers critiques de leurs oeuvres, Cesareo Bandera nous livre la critique dans laquelle ils ont puisé. Publié à Madrid en 1975, Mimesis conflictiva est enfin rendu accessible en France, précédé par un avant-propos de Paul Dumouchel et la préface originale de René Girard.