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" Reprendre des fers que j'avais brisés au prix de tant d'efforts, cette idée me poursuivait sans cesse : mon secret, je ne le possédais pas seul, il y avait des forçats par le monde, si je les fuyais, je les voyais prêts à me livrer : mon repos, mon existence étaient menacés partout, et toujours. Un coup d'oeil, le nom d'un commissaire, l'apparition d'un gendarme, la lecture d'un arrêt, tout devait exciter et entretenir mes alarmes. [... ] J'étais hors de la société, et pourtant je ne demandais qu'à lui donner des garanties ; je lui en avais donné, j'en atteste ma conduite invariable à la suite de chacune de mes évasions, mes habitudes d'ordre, et ma fidélité scrupuleuse à remplir tous mes engagements. " Fils de boulanger né à Arras en 1775, Eugène-François Vidocq mena une vie formidablement romanesque : soldat avant d'embrasser la carrière de voleur, bagnard à Brest et à Toulon, évadé célèbre, as du déguisement, il devient indic à 34 ans, puis s'illustre comme chef de la " sûreté " à la préfecture de police de Paris. Retraité, il fonde la toute première agence de détectives privés. Plaidoyer pro domo contre ses détracteurs, ses Mémoires-fleuve en font aussi un moraliste engagé, conteur malicieux des voleurs et des dupes et observateur critique des iniquités de son temps. Présentation de Michel Roucaud. " Elevé au niveau du mythe littéraire, moins pour la publication de ses Mémoires que pour les personnages de Vautrin et de Valjean qu'il aurait inspirés à Balzac et à Hugo, Vidocq appartient surtout à l'histoire de la police. " Jean Tulard