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"Dans l'escalier je recroise Lolita Pille qui croise un garçon très très connu dont j'oublie le nom et comme j'arrive à leur hauteur, elle nous présente avec une formule du type "vous vous connaissez certainement ?" Non, justement. Ici, il faut que vous compreniez la nature du duel snob. Le duel snob dure un millième de seconde. Pendant ce millième de seconde, deux êtres se regardent. Le premier des deux qui arrive à signifier à l'autre qu'il n'en a rien à cirer de l'autre a gagné. Souvent, il est difficile de décider qui a gagné, tellement ça va vite. Comme à l'escrime, on a besoin d'un arbitre pour savoir qui a touché le premier. Dans le cas d'espèce, il faudrait demander à Lolita Pille lequel des deux a gagné, mais je crois qu'elle était distraite par son portable au moment du choc. Je pense que c'est le type très très connu qui a gagné, car il n'en a structurellement rien à cirer de rien puisqu'il est très très connu. Le type très très connu tire en rafale son absence de cirage d'autrui, à la vitesse de mille "rien à cirer" par seconde. Faisons une pause théorie : le snob dominant est celui dont la vitesse initiale de manifestation extérieure d'absence de cirage d'autrui est la plus grande. Le garçon très très connu descend l'escalier et moi je le monte, nous nous croisons comme deux sous-marins nucléaires ennemis pendant la guerre froide. Deux débiles hostiles bourrés de haute technologie. Je surpaie mon vestiaire car un chroniqueur mondain chrétien doit témoigner de l'Évangile dans les couloirs de boîte, je claque un high five au barman mais il me snobe donc je balaie l'espace de ma main tendue, j'embrasse quelqu'un qui n'a même pas l'air étonné, j'embrasse les videurs de ne pas m'avoir vidé et je suis dans la rue".
Marin de Viry, chroniqueur à la Revue des Deux Mondes et critique à Marianne, a notamment publié Le matin des abrutis (JC Lattés), Tous touristes (Flammarion) et Pour en finir avec les hebdomadaires (Gallimard).