Biographie d'Elisabeth Horem
Cela faisait trois jours que Maretz n'était pas revenu et je m'étais surpris à l'attendre. En y réfléchissant cela m'avait contrarié de constater que je l'attendais, que je guettais malgré moi ce type à qui je n'avais rien à dire. Je ne le connaissais pas, j'avais même du mal à le comprendre. Il parlait en patois et il lui manquait deux dents sur le devant, je regardais bouger sa moustache jaune et sa pomme d'Adam monter et descendre dans son cou de poulet. Ses doigts tachés de nicotine avaient pris la couleur des dattes mûres. Trois jours qu'il n'était pas venu et voilà que je me demandais si je le verrais ce jour-là ou le lendemain, et de le constater me contrariait. Parce que cela signifiait, que je le veuille ou non, que je ne supportais pas aussi bien que j'avais cru ma nouvelle vie de solitaire puisque j'en étais à guetter la venue de ce vieux jardinier - enfin, la propriétaire me l'avait présenté comme le jardinier. Christina n'avait pas précisé quand elle viendrait. Dans sa lettre elle m'avait juste écrit : "Je vais venir passer une semaine avec toi. " J'avais pourtant dit à Sandre de ne pas donner mon adresse, mais elle avait su s'y prendre, c'était bien d'elle cette façon d'apparaître après toutes ces années, cela m'étonne même qu'elle ait pris la peine de m'écrire, je l'aurais bien vue débarquer sans crier gare. Au moins là, j'étais prévenu. J'ai tout de suite pensé que Sandre avait dû lui dire, pour mon divorce.