Un ouvrage collectif de création/recherche sur et avec Lydie Salvayre, coordonné par Jean-Paul Engélibert. Avec les contributions de Stéphane Bikialo, Norbert Czarny, Sophie Joubert, Estelle Mouton-Rovira, et Lydie Salvayre. Née en 1946 d'un père Andalou et d'une mère Catalane, réfugiés en France en février 1939, Lydie Salvayre passe son enfance à Auterive, près de Toulouse. Après des études de lettres modernes elle s'oriente vers la médecine, devient pédopsychiatre, et dirige le CMPP de Bagnolet pendant 15 ans. Son premier roman, "La Déclaration", paraît en 1990. Lydie Salvayre a remporté de nombreux prix, dont le Prix Goncourt pour "Pas pleurer" en 2014. Ses livres sont traduits en de nombreuses langues. Pour rendre compte de la richesse de cette oeuvre, Jean-Paul Engélibert a réuni une équipe composée de Stéphane Bikialo et Estelle Mouton-Rovira (universitaires, spécialistes de littérature contemporaine), Norbert Czarny (écrivain et critique littéraire) et Sophie Joubert (journaliste, critique littéraire). Chacun s'est lancé dans un échange avec Lydie Salvayre pour la faire réagir à ses questions, relire avec elle son oeuvre, explorer ses contradictions. Les livres de Lydie Salvayre naviguent entre deux langues, l'espagnol de l'enfance et le français de l'école, comme entre deux manières ? : d'un côté le baroque, le mauvais goût, l'excès et l'emportement qu'elle attribue à l'Espagne, de l'autre le classicisme, la précision, l'humour et l'imparfait du subjonctif du XVIIe siècle français. Ce grand écart lui donne une grande liberté de ton et lui ouvre quantité de sujets. Dans ses livres les plus connus, elle écrit l'histoire du point de vue de ses victimes. La Compagnie des spectres imagine une femme hantée cinquante ans après par l'assassinat de son frère, commis en 1943 par des miliciens. Pas pleurer raconte sur le mode autobiographique la jeunesse de sa mère pendant la guerre civile espagnole, jusqu'à la fuite vers la France. Mais elle sait aussi, en fiction, explorer les blessures intimes et la manière dont elles conduisent aux drames du quotidien (La Vie commune) ou aux crimes de sang (La Puissance des mouches). Dans des livres à la portée politique évidente, elle raconte les blessures du travail (La Médaille) et la vie dans les cités (Les Belles Ames, Passage à l'ennemie). Si elle exprime ainsi ses colères, d'autres livres proclament ses admirations pour des personnes réelles dont elle fait des personnages de légende (BW, Hymne, Sept Femmes) ou pour des héros de fiction (Rêver debout). Entre le dialogue avec les grandes oeuvres du passé et celui qu'elle entreprend avec ses contemporains et ses contemporaines, elle construit une oeuvre populaire qui parle de notre présent.