Liban, dans tous ses Etats (Broché)

La vie publique libanaise est fondée actuellement sur la reconnaissance de 18 confessions. Chacune administre les affaires privées de ses adhérents. Il semblerait que cela soit une application étroite de la constitution qui entend " représenter toutes les communautés et les protéger ". Pourtant, dans les textes, rien ne permet d'affirmer que les "communautés" sont nécessairement religieuses. Au-delà de la revendication de certains militants qui souhaitent un état laïc qui garantirait les mêmes droits pour tous, on ne peut soutenir le système confessionnel qui s'est presque naturellement détourné des questions sociales de premier ordre.
Malheureusement ce système passe toujours outre les besoins fondamentaux, surtout des plus fragilisés. Quelles sont les lois qui défendent et protègent les femmes battues, violées, divorcées ? Quelles sont les lois pour défendre les Tamils, les sikhs, les hindous, qui qui travaillent au Liban ? Y a-t-il un saint patron des malades, des pauvres, des chômeurs... ? Quel serait le dieu que doivent prier les libanais d'Afrique qui n'ont pas la peau blanche ? Qui entendra la prière des enfants nés au Liban, dont seule la mère est libanaise, dont les parents sont palestiniens, dont la famille est apatride, et qui plaident pour un passeport libanais, et ne peuvent l'obtenir ? Quand toutes ces questions seront elles abordées sérieusement et concrètement ? N'est-ce pas aux parlementaires plutôt qu'aux chefs religieux d'y répondre ? Recueil de récits, empreint d'émotions certaines, cet ouvrage est un cri, ou plutôt un appel à dénoncer et remettre en question cette répartition confessionnelle, qui met à mal toutes les structures du pays.
En réalité, les auteurs ne font qu'exprimer ce que tous les libanais vivent au quotidien. Il s'agit ici d'un message évident choisir avant tout notre huma, une nationalité avant d'avoir à choisir une communauté, y appartenir, la défendre. Il s'agit en somme d'affirmer : le Liban ne peut être réduit à 18 confessions, ni par sa richesse, ni par sa souffrance, ni par ses aspirations. Il est infiniment plus.
Certes ses composantes sont multiples et c'est ce qui rend le Liban Unique.