Biographie de Hermann Hesse
Hermann Hesse (1877-1962) est l'un des romanciers allemands les plus importants du XXe siècle. Issu d'une vieille famille de pasteurs du Wurtemberg qui avait donné au protestantisme de nombreux missionnaires en Asie, son enfance a été marquée par la tradition du piétisme souabe. Il a passé une partie de son enfance en Suisse (à Bâle), pays dont il prendra plus tard la nationalité. Après une adolescence chaotique, il interrompt ses études secondaires et, ayant été brièvement apprenti horloger, devient libraire et commence à écrire tout en s'intéressant en autodidacte à la théologie, à l'histoire des religions et aux mythologies.
Il publie un premier recueil de poèmes en 1898 et continuera toute sa vie d'écrire de la poésie, bien que le succès lui soit finalement surtout venu du roman. C'est son premier roman, "Peter Camenzind", paru en 1903, qui fait tout de suite de lui un écrivain célèbre : le succès est immense et lui permet d'emblée d'envisager de vivre de sa plume. Son second roman, "L'Ornière", paru en 1904, connut également un très grand succès.
Il serait sans doute aujourd'hui qualifié d'autofiction : il y raconte son enfance et son adolescence particulièrement difficiles, en particulier son passage par le séminaire évangélique de Maulbronn en 1891-1892, cadre de la narration. Il épouse alors la photographe Maria Bernoulli, avec laquelle il aura trois enfants, et s'installe au bord du lac de Constance. Ce mariage connaîtra des périodes de grave crise, en raison à la fois du caractère dépressif de Hesse et des problèmes psychiatriques de son épouse.
C'est la première de ces crises qui le pousse à faire en 1911 un long voyage à la rencontre des cultures asiatiques, en se rendant à Ceylan et en Indonésie. Le bouddhisme occupera une place de plus en plus importante dans sa pensée et son oeuvre sans l'amener à renoncer complètement à son protestantisme d'origine. Le roman "Siddharta", paru en 1922, en est le premier témoignage éclatant. L'un des remèdes personnels trouvés par Hesse pour surmonter ses difficultés dans l'écriture fut, outre les sagesse de l'Inde, la pratique régulière de la peinture à partir des années 1920.
Cette expérience se reflète dans le roman "Le dernier été de Klingsor". Le recours à la psychanalyse l'a également beaucoup aidé : de cette expérience analytique est issu le fascinant roman "Demian", paru en 1919 (d'abord sous le pseudonyme d'Emil Sinclair, en hommage au meilleur ami de Hölderlin). En 1924, il se remarie avec Ruth Wenger et prend la nationalité helvétique. Il réside à Montagnola, près de Lugano.
Cette union n'est guère plus heureuse que la première. C'est avec sa troisième épouse, Ninon Dolbin, à partir de 1931, que la vie privée de Hesse connaîtra enfin la sérénité. Hesse fait alors construire par un de ses amis fortunés une maison près de Montagnola : elle lui est louée par cet ami pour un loyer symbolique. En 1927, "Le loup des steppes" est un succès mondial qui achève de faire de Hesse le romancier de langue allemande le plus célèbre de son temps avec Stefan Zweig.
Mais à partir de 1933, en raison de son opposition farouche au nazisme dès l'apparition de celui-ci, le nom de Hesse n'apparaîtra plus dans les librairies ni dans la presse allemandes. C'est en Suisse que paraît en 1943 "Le Jeu des Perles de Verre", le plus ésotérique de ses romans, le plus profond aussi sans doute, qui fournit une synthèse de sa pensée en matière de religion mais constitue aussi une protestation contre le nazisme et le fascisme, par le primat de la spiritualité qui s'y affirme.
En 1946, le Prix Nobel de littérature attribué à Hesse salue non seulement l'importance de son oeuvre littéraire mais aussi la résistance dont elle est le symbole. Auteur de 15 romans, de 11 recueils de poèmes, de près d'une centaine de nouvelles, Hermann Hesse apparaît à la fois comme l'héritier du romantisme allemand et comme un novateur par ses positions spirituelles. Hermann Hesse meurt en 1962 et, depuis sa mort, n'a pas cessé d'être considéré comme un classique majeur du vingtième siècle.