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Chef d'entreprise, collectionneur, homme de lettres et de théâtre, Emile Guimet (1836-1918) compte parmi ces personnalités éprises de curiosité et d'horizons lointains que le XIXe siècle a façonnées. De 1860 à sa mort, en 1918, l'homme assure la présidence de la compagnie chimique familiale - future Péchiney -, tout en multipliant des recherches académiques à connotation ethnographique et archéologique comme des activités plus créatives. À ce titre, il est l'auteur de deux oratorios, d'un ballet et surtout d'un opéra, Taï-Tsoung, créé à Marseille en 1894. Voyageur infatigable, en Egypte une première fois en 1865, il parcourt le monde de 1876 à 1877, traversant les Etats-Unis pour gagner le Japon, la Chine puis l'Inde. Ce périple lui permet de mener des études sur les religions afin qu'à son retour sa collection personnelle soit transformée en musée et, dès lors, vouée à l'étude scientifique et à l'éducation. "Il y a des savants qui se cachent, qui se tiennent à l'écart. Ils se choisissent, se comptent, se retirent dans le saint des saints et ferment le rideau derrière eux. Eh bien moi, je fais des trous aux rideaux ! Je veux voir et je veux que tout le monde voie." Telle est ici résumée, à l'occasion du jubilé du musée Guimet en 1904, l'ambition philanthropique de son fondateur. À l'exemple des musées de Copenhague, qu'il visite en 1874, Emile Guimet acquiert la conviction que les objets collectionnés doivent être soigneusement documentés, car à défaut ils "n'apprennent rien". Selon lui, le musée ne doit pas être élitiste mais rester à la disposition de tous, et il s'adresse en priorité à l'intelligence de ses visiteurs par les rapprochements qu'il produit, du fait des formes et des contenus qu'il suggère. Les notions de transmission de la connaissance et d'instruction des masses transparaissent ainsi nettement dans les notes et conférences qu'il rédige. Au sein de son entreprise comme auprès des collectionneurs de l'époque, Guimet s'emploie à susciter l'intérêt pour son musée et invente de nouvelles formes pédagogiques, tant dans le rapport visuel du texte à l'image que de la mise en scène muséographique ; autant d'aspects que le catalogue coédité par le musée des Confluences et Actes Sud aborderont à son ouverture au public en décembre 2014.