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Le baron de Montireau (1636-1711) se battait en duel, quand il est protégé d'un coup d'épée mortel par la règle de saint Benoît qu'il portait sur lui. Il entre dans l'ordre de Saint-Maur, devient dom François Lamy, connaît de brillants emplois, puis plus modestes. Ses occupations intellectuelles le tournent du côté des cartésiens, il réfute Spinoza, se mêle de bien des querelles dont celle du pur amour. De plus en plus marginalisé, il écrit, entre les deux siècles, sa spiritualité. Les Saints Gémissements réédités ici en sont un exemplaire. Il retrouve la tradition du monachisme bénédictin, avec un langage cartésien. On lit sa psalmodie, répétition, modulation de quelques lignes de saint Paul se plaignant de son corps. On écoute ses références à Jérémie, aux psaumes, à Augustin, à Grégoire le Grand du VIe siècle, c'est-à-dire à la littérature des Pères du désert. Sa voix singulière, est-ce gémissement, c'est-à-dire pleurs rentrés, internes ? ou appel à la montée de sources cachées, dont le jaillissement purgera, lavera, consolera ? Son témoignage, l'invitation à l'érémitisme, " l'obligation " qu'il avance " de gémir " nous parlent, non sans nous échapper, ouvrent à cet abîme qui donne de la voix, à cette profondeur qui élève les bras.