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Laboureur à Lancé, en Vendômois, Pierre Bordier laisse à sa mort, en 1781, des papiers régulièrement tenus à jour durant plusieurs décennies : un Compendium (1741-1781) et un Journal (1748-1767). Ces notes restituent avec une grande saveur concrète les réalités de la vie d'un rural au XVIIIe siècle, sa langue, ses curiosités, ses préoccupations quotidiennes. Mais s'ils sont d'abord attentifs à l'état du ciel et à la production des champs, les textes de Bordier n'ignorent pas pour autant les grands événements de la vie du royaume : ils évoquent Mandrin et Damiens, les démêlés du roi et des parlements, la guerre de Sept Ans et ses retombées fiscales... démontrant à travers leurs notations que peuvent cohabiter à Lancé loyalisme monarchique, vigilance sourcilleuse face à l'impôt et intérêt pour l'action des parlementaires. Cependant le Journal et le Compendium ne sont pas seulement instructifs par ce que Bordier choisit d'y rapporter et par la manière dont il le fait : c'est en effet pour vérifier que les saisons se reproduisent identiques à elles-mêmes tous les vingt-huit ans, comme il l'a lu dans une brochure de colportage, que Bordier entreprend de tenir ses notes. Par leur origine, ces dernières s'inscrivent donc dans une perspective astrologique. Mais d'un autre point de vue, la volonté de comprendre le monde qui les anime n'est pas si éloignée des ambitions des élites éclairées du pays. Entre les réalités les plus concrètes de la vie quotidienne à Lancé et les préoccupations intéressant l'ensemble du royaume, entre une vision traditionnelle du temps faisant la part belle au retour sans cesse répété des saisons et un regard progressivement plus attentif aux événements qui introduisent le changement, entre le refus autobiographique et l'expression encore timide d'un point de vue plus personnel, les papiers de Bordier permettent d'appréhender dans toute sa diversité l'horizon culturel d'un villageois au cœur du siècle des Lumières.