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Le concept d'avant-garde semble bien avoir disparu aujourd'hui de notre horizon intellectuel. Mais son effacement de la scène contemporaine dite " post-moderne " n'est pas sans nous avoir laissé des traces qui sont autant de signes dispersés d'une liberté toujours à conquérir, d'un futur toujours à imaginer. Si le modernisme (Proust, Joyce, Eliot, Musil) défendit une esthétique fondée sur le principe de l'autonomie de l'art, les avant-gardes historiques des années 1920-1930, en revanche, voulurent réconcilier l'art et la vie au prix de cette autonomie. Si les deux projets semblent s'exclure, la coupure est en réalité moins nette qu'elle n'apparaît en théorie. Entre les principes affichés par les manifestes et la praxis créatrice s'est creusée une distance où s'est joué le destin de la littérature et de l'art du XXe siècle. Il appartient sans doute aux " oubliés " et " oubliées ", figures sorties de l'ombre, de jeter à contrejour une lumière décapante sur l'histoire des avant-gardes, leurs enjeux et contradictions.
Barbara Meazzi est maître de conférences d'italien à l'Université de Savoie. Jean-Pol Madou est professeur de littérature française à l'Université de Savoie.