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Appels d'air fait le pari d'un récit atypique qui mettrait en oeuvre l'identité en crise, entreprise de l'absolu à l'impossible. A la fois réflexive et spéculative, l'écriture évolue librement, expression singulière inscrite dans la contrainte d'une autographie (résolument proustienne comme dans toute la trilogie Les Maîtres-Mots). Sont ainsi traités l'énigme levée de l'oeuvre (les prodiges d'inspirations, l'effervescence de la création, la scène de l'écrit, le masque de l'auteur), la conscience (le détail de l'inconnu, le monde des contingences, la puissance de découverte), l'intime (la bienveillance détachée, l'humeur spirituelle, le miroir intérieur), le désir (les liaisons imaginaires, l'idéal physique, les confidences volontaires), l'amour (le coeur assassin, l'exil intérieur, l'amour dédoublé, l'accord unique), le délire (la présence diffuse, les suggestions du délire, la folie d'écrire), etc., interprétés en forme de rhapsodie, non plus fuguée (comme dans Temps Mort) mais creusée en cavatines, avec le spectre d'une clarté d'évidence sur fond d'abîme, à discrétion. Il y a là, plutôt qu'une simple jouissance de soi, une condensation maximale du récit (à la signature en surplomb) inscrit dans le dialogue quasi hypnotique entre l'intelligence et la sensibilité, transgressif au grand jour, tel une vaste ellipse, de la métamorphose de la réalité à la traversée des apparences, relevée en paradoxe d'expérience, libérant un espace à se jouer de tous les temps, à maudire tous les clichés.
Jean-Christophe Cambier est né en 1936. Il vit à Paris. Il a déjà publié aux Impressions Nouvelles Temps mort (2010) et Hors sujet : Journal d'une auto-analyse (2011).