Golan Haji est un poète de la jeune génération syrienne, né en 1977 à Qamichli au Kurdistan syrien. Il est arrivé en France en 2012 du fait de la guerre que traverse son pays. Son oeuvre est sombre et profonde, politique sans être idéologique, son écriture en arabe est d'une puissance poétique et évocatrice exceptionnelle. Depuis longtemps traduit en anglais, il a été traduit en français pour la première fois au Port a jauni en 2018 avec Les tireurs sportifs (illustrations de Thomas Azuélos) puis 2020, L'arbre dont j'ignore le nom (illustrations de Pascale Lefebvre).
Par ailleurs, Golan Haji est traducteur du français vers l'arabe et il a traduit de nombreux ouvrages du Port a jauni, parmi lesquels Les lettres du jardin (2023), Juste le ciel et nous (2022), La nuit des figues (2022), Poèmes en peluches (2021), et tous les ouvrages de Ramona Badescu au Port a jauni. On lui doit aussi l'adaptation de la Mu'allaqa - un poème suspendu (mars 2019) dont la traduction arabe est saluée par les lecteurs de cette langue.
Mohamad Omran est né en 1979 à Damas en Syrie. Il est diplômé de la Faculté des Beaux-Arts en 2002 à Damas, où commence une carrière de sculpteur. Son travail, immédiatement remarqué sur la scène artistique locale, s'accompagne déjà d'une abondante oeuvre dessinée. En 2007, il décide de poursuivre des études d'histoire de l'art en France, où il obtient un master et commence une thèse sur l'image du corps souffrant.
Centrée dès le départ sur le corps humain et ses déformations expressives, son oeuvre sculptée et dessinée dénonce de manière explicite despotes, violences et abus de pouvoir. Des hommes inquiétants, le visage occulté par des lunettes noires, masques à gaz ou autres prothèses, sont assis sur des chaises. Police secrète, hommes de pouvoir... Leur immobilisme glaçant est décuplé lorsqu'ils sont alignés en tribunal.
De petite taille, ces figurines réapparaissent sur le papier, enfermées dans leur solitude même si leurs corps s'enchevêtrent. Démultipliés sur toute la feuille, les personnages saturent l'espace du papier sans hiérarchie ni perspective, n'offrant nulle échappée. Obsessionnelles et oppressantes comme des cauchemars, ces scènes voient l'apparition de créatures hybrides, mi-homme mi-animal ou machine, évoquant l'univers surréaliste et cruel d'un Jérôme Bosch ou d'un Goya, comme dans la peinture choisie pour illustrer les Lettres du fer.