L'avènement colonial seul a introduit l'école en Afrique, et dès son apparition en milieu africain, son essence n'a pas fait l'objet de débats : elle... > Lire la suite
Plus d'un million de livres disponibles
Retrait gratuit en magasin
Livraison à domicile sous 24h/48h* * si livre disponible en stock, livraison payante
42,00 €
Expédié sous 3 à 6 jours
ou
À retirer gratuitement en magasin U entre le 8 novembre et le 15 novembre
L'avènement colonial seul a introduit l'école en Afrique, et dès son apparition en milieu africain, son essence n'a pas fait l'objet de débats : elle s'est définie comme politique et essentiellement ainsi. Devenant la matrice unique et primordiale des valeurs à répandre, elle a infantilisé tous ceux (" indigènes ") qui ne possédaient pas ces valeurs occidentales afin de recréer des hommes nouveaux à l'image du colonisateur. Le pouvoir nouveau ayant introduit de nouveaux rapports de domination, c'est à l'école qu'il s'est adressé pour susciter les adhésions les plus profondes et les plus durables à son assise et pour fonder sa légitimation. Devenant le moyen d'élévation sociale et la ressource matérielle indispensable à la survie de l'" indigène " projeté dans un rapport économique concurrentiel, les familles ont " sacrifié " leurs enfants à l'école pour qu'ils renaissent avec des armes nouvelles qui les transformeraient en vainqueurs. Cette dialectique a provoqué des effets contradictoires désirés ou non désirés dont la conséquence politique qui nous intéresse a été la remise en cause du système colonial par les scolarisés. Avec les indépendances africaines, on a pu poser la question de sa nouvelle mission. Tout le long de cette période, la question de l'école ne s'est point posée en termes du " pour quoi " l'école mais du " comment " l'école. C'est dire qu'elle n'a jamais été l'objet d'une remise en cause par les Etats nouveaux, et donc n'est l'avènement d'aucune décision propre à ces Etats, qui semblent s'en contenter en ne lui infligeant que des adaptations circonstancielles. Cette attitude laisse supposer que l'école a été reconduite aux mêmes fonctions de vulgarisation politique et de propagation de modèles économico-sociaux dans lesquels se reconnaissent les nouveaux utilisateurs et dont ils souhaitent la reproduction.
Hamidou Komidor Njimoluh est docteur d'Etat en science politique à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. Il est actuellement ambassadeur du Cameroun au Congo-Brazzaville.