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Le 19 juin 1985, à l'aube, une voiture sort de la route à l'entrée du tunnel de Saint Germain en Laye et prend feu sur le bas-côté. Deux corps carbonisés en sont retirés. Rien ne permet de les identifier sur le moment. Tout a brûlé. Ne restent qu'une boucle d'oreille en forme de fleur et deux bracelets en métal, noircis par le feu. Des bijoux de pacotille qui seront restitués plus tard à la famille, puis soustraits aux regards, à la mémoire, perdus à jamais. Céline Milliat Baumgartner a huit ans, lorsqu'une voix empêtrée dans le chagrin lui annonce l'indicible nouvelle. Comment dire à deux enfants qu'ils sont orphelins de leurs deux parents, le même jour, à la même minute. Quels mots, quels gestes pour abîmer le moins possible de ce qui doit advenir, l'enfance qui s'obstine, la vie qui prend ses aises, trajectoire déviée mais filant tant bien que mal vers l'âge adulte. A partir de là, tout est fait pour repousser le plus loin possible l'insupportable absence. La chaleur d'un foyer reconstitué dans le giron familial, une fratrie nouvelle, une compassion dont on use, un statut qui protège, rend unique, inatteignable. Une vie presque normale d'enfant. Ils sont si jeunes, et si beaux sous la plume de leur fille maintenant plus âgée qu'eux. Ils s'aiment passionnément, partent en vacances en Grèce, distribuent sans compter, de l'amour, de la tendresse, du rêve. Ils se disputent, se réconcilient, font la fête. Le père s'absente souvent pour son travail. La mère est actrice, joue dans des films, embrasse Depardieu dans un film de Truffaut. Stig Dagerman a dit que notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Il semble pourtant que ce texte vibrant suive un autre chemin. Il laisse entrevoir que l'absence, loin d'être jamais comblée, peut être superbement écrite.