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L'étude d'Ambroise Tardieu est la première spécifiquement consacrée en France aux attentats aux moeurs. Elle révèle les progrès de la médecine légale au milieu du XIXe siècle : professionnalisation de l'expertise, approfondissement des descriptions anatomiques, recours à une chimie savante identifiant les taches de sperme et de sang. Cette étude est sociale autant que médicale : en hiérarchisant certains crimes et délits, l'enquête de Tardieu est aussi une enquête de moeurs. Elle introduit notre tenus avec ce sentiment bien particulier d'une criminalité sexuelle croissante, ces atteintes menaçant des citoyens qu'un Etat démocratique et policé devrait protéger : sensibilité accrue à une violence intime, volonté de mieux échelonner le crime pour mieux échelonner la peine. Le corps est au centre du texte, devenu le seul témoin auquel le médecin a recours pour indiquer le "mal" : peau, organes et muscles composent la cartographie des traces violentes, inspectés comme jamais ils ne l'avaient été. Mais le corps est aussi la matière sur laquelle le médecin peut projeter sa sensibilité, ses croyances, sa culture. Tardieu invente des signes : il "voit" sur un clitoris trop précocement "développé" quelque indice d'une coupable lascivité de la victime, ce qui disculperait l'agresseur, il lit la fellation sur la forme d'une bouche ou la force de l'agression sur la forme du pénis. Autant dire que la volonté toute scientifique de déceler des marques sur le corps est ici égale à la tendance de les soupçonner ou de les imaginer. Les traces corporelles servent de prétexte à l'affirmation d'une culture : celle du XXe siècle. L'apparente contemporanéité du texte masque alors de plus troubles repères, ceux dont la littérature savante sur les attentats aux moeurs a mis plusieurs décennies pour se défaire: la suspicion sur la victime, comme, à l'inverse, la certitude de quelque ineffable tare physique chez l'agresseur.