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Le statut des corps dans la métaphysique de Leibniz continue de résister à tout effort de reconstitution. Qu'il n'y ait au monde que les substances simples et leurs modifications ne présente plus l'évidence d'une position philosophique achevée. Dans le meilleur des mondes possibles, les âmes ne sont jamais sans corps et la moindre portion de matière renferme un univers de créatures vivantes. Au moment même où Leibniz semble embrasser une position " idéaliste " en peuplant le monde d'une infinité d'entités psychiques, ne développe-t-il pas le concept d'organisme comme en marge de cette métaphysique ? Déjà, dans les années où la célèbre théorie de la notion complète servait à penser la substance individuelle, la réalité du corps organique imposait l'idée d'une substantialité proprement corporelle. Composition infinie irréductible aux modalités de l'étendue, le corps organique, machine de la nature, force à repenser les conditions d'existence de l'individualité vivante, dont l'ego cartésien n'est plus qu'une problématique modèle. La question n'est plus tant de savoir si Leibniz a admis l'existence de substances corporelles en sus des monades, que de comprendre en quoi la réalité organique devient le modèle pour penser la connexion de toutes les substances, des simples aux composées, des brutes aux raisonnables. Du " moi " à la monade, comment la nécessaire inscription corporelle de l'individualité s'opère-t-elle ? De quelles modifications du concept de substance cette exigence s'accompagne-t-elle ?