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Au seuil des années 1960, l'op art surgit et crée bientôt l'émulation. Une foule de graphistes publicitaires, d'arrangeurs de vitrine et de couturiers raflent sa géométrie euphorisante de damiers renflés, rayures, pois sautillants et cibles concentriques, au point de lui prêter parfois un destin décoratif. Mais dans le même temps, un autre art lui prescrit un renouveau profond : le cinéma. Sur quinze ans, les auteurs de films les plus variés, à budget ouvert ou modeste, exploitent sans égal un génie des formes. Par quel magnétisme le cinéma et l'op art sont-ils liés ? Le phénomène ne décrit pas seulement la plus grande récupération artistique du XXe siècle. Il révèle un mariage pathologique, celui du voyeur et de l'halluciné. Le cinéma, animé par une pulsion scopique, un péché d'hybris, a trouvé dans l'op art sa victime consentante : une esthétique hallucinée, apte à sublimer un décor à moindres frais, apte à traduire des états mentaux délirants, ou des visions impossibles. Par lui, le cinéma livre des expériences limites. En quoi rend-il l'op art fascinant ? De quelle modernité lui est-il redevable ? A travers Paris, Londres et Rome, cet ouvrage retrace une histoire de passeurs de l'art - aux névroses accordées.
Pauline Mari est historienne de l'art contemporain, spécialiste des échanges entre le cinéma et les autres arts. Elle a enseigné à l'université Paris IV Sorbonne et publié aux Cahiers du Musée national d'art moderne.