Silvia TREBBI : Je dessine. Je dessine depuis toujours. C'est une façon de penser, une façon de voir, une façon de parler sans bruit. Pourtant, j'aime les dessins qui parlent, les dessins qui bougent de case en case, à chaque page. La feuille de dessin me stimule. La page blanche me monte à la tête. Elle accepte de recevoir platement mes divagations graphiques et de participer à la création d'un monde d'encre et de papier, qui se construit peu à peu sur elle et par elle, de ma tête à ma main, entre la plume et le trait.
La politesse de la page blanche est d'héberger gracieusement mon dessin, celui-là même qui me raconte qui je suis et je ne peux vous en dire davantage. Papa Malick FALL : Les mots, des mots... Je les cherche toujours. Je les scrute dans la profondeur de la nuit. Je les cueille dans la tiédeur de l'ennui. Je les guette dans la fragilité du matin. Ils piétinent mes ombres. Ils rasent les murs. Ils dansent dans le miroir.
Ils avancent dans la lumière. Ils chuchotent dans le brouillard. Ils narguent mon sommeil et hantent mes rêves. Je les sens. Je les respire. Je les entends murmurer dans le vent. Je les entends bourdonner dans le silence. Ils se bousculent, s'essoufflent, s'effacent. Je les entends tomber, se relever, tituber. Ils cherchent leur ponctuation. Ils sont vers, rimes, mélodies... Ils bruissent dans le feuillage.
Ils s'illuminent dans le sourire de cette fille que je croise au coin d'une rue. Ils sont suspendus dans son regard, tremblent sur ses lèvres, effleurent sa chevelure.