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Une question d'amour-propre (1964), Le sarcophage (1971), Le seul héritage (1974) : trois recueils de nouvelles qui peuvent se lire séparément, tout en formant une trilogie. Même personnage principal (l'auteur) ; mêmes lieux (Thessalonique et ses environs, presque toujours) ; mêmes époques (l'entre-deux-guerres, l'Occupation, la guerre civile qui la suivit, à savoir l'enfance, l'adolescence et la jeunesse de Ioànnou). Le passé remonte par fragments, sans souci de chronologie, dessinant peu à peu une autobiographie-mosaïque. Dans ces pages, cependant, "nous" est aussi fréquent que "je" : les récits de Ioànnou sont la chronique éclatée d'une famille grecque, d'une ville, d'une société, d'un pays. Ce qui distingue sans doute Le seul héritage des recueils précédents, c'est la présence accrue de la population de ce lieu et de ce temps-là dans son extrême diversité, aujourd'hui perdue : Grecs de souche ou réfugiés, Juifs, Roms, Vlaques se côtoyaient alors à Thessalonique, ville accueillante, maternelle, qui constitua dans les années 20, pour les réfugiés grecs d'Asie Mineure, leur seul héritage. La Grèce est un pays martyr et la période en question ne fut pas la plus douce, pour le jeune Yòrgos en particulier, gêné par un physique peu enchanteur et tourmenté par une homosexualité inavouable à l'époque. Le seul héritage manifeste, en cherchant bien, une légère amélioration sur le plan de la douleur personnelle. La douleur collective, elle, reste intense, même si voilée par crainte de la censure : le livre est écrit pendant la dictature des Colonels, tandis que le pays gémit en silence.