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Le Roman de Jehan de Paris, court récit, d'auteur inconnu, date, selon toute vraisemblance, de la fin du XVe siècle. Le roi de France, ayant brillamment rétabli sur son trône le roi d'Espagne, victime d'une révolte de ses grands barons, les deux souverains décident que l'amitié entre leurs deux pays sera pour toujours assurée par le mariage de leurs enfants. Les années passant, les souverains espagnols oublient leurs engagements et fiancent leur fille au vieux roi d'Angleterre, devenu veuf. Traversant la France pour aller épouser la jeune princesse, il passe par Paris où le courtois accueil qu'il reçoit dissimule mal le désir de voir se retourner la situation à l'avantage du jeune roi de France. Celui-ci se faisant passer pour un riche bourgeois, fait le voyage en compagnie des Anglais, et, tout au long de la route, ridiculise son rival. Son arrivée devant la cour d'Espagne est triomphale et il n'a aucun mal à conquérir le cœur de celle qui, jadis, lui avait été promise. Il ramène à Paris la jeune princesse, devenue son épouse, pendant que le roi d'Angleterre regagne piteusement son pays. Le récit se présente, avant tout, comme une " histoire joyeuse ", qui n'aurait d'autre prétention que de constituer un agréable passe-temps pour ses lecteurs. On peut, certes, lui trouver quelque ressemblance avec Jehan et Blonde. On a pu aussi y découvrir quelques allusions à des réalités historiques. Mais il est bien évident que l'auteur a voulu, avant tout, écrire un conte " joyeux ", n'hésitant pas à le pimenter de quelques traits d'une gauloiserie qui n'est pas sans rappeler l'esprit des fabliaux. Il serait, cependant, inexact et injuste de ne pas voir, aussi, que ce récit, précurseur lointain des " petits romans philosophiques ", peut parfaitement être lu comme un art de bien gouverner son peuple pour un roi conscient de l'évolution d'un monde dans lequel la bourgeoisie peut, et doit, avoir toute sa place.