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Entre 1938, date de l'édiction par le fascisme italien des "Lois sur la race", faisant des Juifs étrangers vivant en Italie des expulsés en puissance et plongeant tous les Juifs italiens dans une situation précaire, et 1945, date de l'ouverture des camps d'extermination, la situation des Juifs dans les Alpes se dégrada à plusieurs reprises. Peu nombreux dans l'entre-deux-guerres, au point que beaucoup de régions des Alpes les ignoraient, les Juifs se réfugièrent en nombre dans la partie française du massif, à portée de la Suisse, havre espéré, et Marseille, porte vers les Amériques. Certains parmi eux, du fait de la politique antisémite et xénophobe de Vichy et de l'occupation allemande - l'occupation italienne constituant, par un apparent paradoxe, un moment de calme propice à un nouvel afflux -, virent le refuge se muer en piège. Même des lieux censés reculés n'échappèrent pas aux arrestations, rafles, déportations. Ces actes d'un colloque tenu à Grenoble en décembre 2004, dans le cadre du programme franco-italien Interreg " Mémoire des Alpes ", soutenu par l'Europe, la Région Rhône-Alpes, l'Assemblée des Pays de Savoie, les Hautes Alpes, permettent de faire le point sur un sujet jusque-là peu traité, surtout par sa perspective géographique, des deux côtés de la frontière, de Menton à Genève, de la côte ligure au Tessin ; par l'éventail des participants, italiens, suisses et français, mais aussi américain, israélien, par la richesse de ses problématiques, que résume l'interrogation : les Alpes furent-elles un piège ou un refuge pour les Juifs d'Europe persécutés ?