Biographie de Kaija Saariaho
Kaija Saariaho (née à Helsinki en 1952) fait partie d’une génération d’artistes finlandais — avec le compositeur Magnus Lindberg, le chef d’orchestre Esa-Pekka Salonen, le violoncelliste Anssi Karttunen ou la soprano Karita Mattila — dont l’activité jouit aujourd’hui d’une forte reconnaissance internationale. Après avoir étudié la composition à l’Académie Sibelius d’Helsinki sous la direction de Paavo Heininen, elle poursuit sa formation à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau entre 1981 et 1983, auprès de Klaus Huber et Brian Ferneyhough.
Elle vient alors tout juste de rencontrer Tristan Murail et Gérard Grisey à Darmstadt (1980), et par là même cette musique « spectrale » dont elle deviendra très vite, dès le milieu des années 1980, l’une des principales figures. À son passage en Allemagne succède son installation en France (où elle vit depuis lors) et sa découverte de l’Ircam. Elle se perfectionne alors en informatique musicale et en composition assistée par ordinateur, en parallèle d’un travail analogique sur bande concrétisé par plusieurs œuvres électroacoustiques ou mixtes.
L’une d’entre elles, Verblendungen pour orchestre et bande (1983) attirera particulièrement l’attention et la propulsera sur le devant de la scène. Elle y donne un avant-goût de la signature harmonique et timbrique qui fera le succès de Lichtbogen pour orchestre à cordes et électronique (1986) ou de son quatuor Nymphea (1987), œuvres désormais centrales dans le répertoire de la musique contemporaine.
Aux abords des années 1990, après s’être longtemps concentrée sur la musique instrumentale, elle revient à l’écriture vocale, prépondérante dans ses œuvres de jeunesse. La technique spectrale — avant tout née de la relation entre instruments acoustiques et électronique — est ainsi confrontée à la voix au travers de plusieurs œuvres vocales (Grammaire des rêves en 1988, Nuits, adieux en 1991 ou encore Lonh en 1996), et ce travail aboutira à la composition de plusieurs opéras, dont le premier, L’Amour de loin (2001), sera unanimement salué par la critique et sollicité par les maisons d’opéra aux quatre coins du globe.
En 2006, elle compose un portrait musical de la philosophe Simone Weil et réactualise la forme du monodrame avec une femme comme personnage central. Elle fait de même dans sa dernière œuvre en date, Émilie (créé à l’Opéra de Lyon en mars 2010), qui relate la vie d’Émilie du Châtelet, entre passion et science, maîtresse de Voltaire et traductrice de Newton. Ajoutons enfin que Kaija Saariaho s’est vue attribuer de nombreuses récompenses, dont le Kranichsteiner Musikpreis de Darmstadt (1986), le prix Italia (1988), le prix Ars Electronica (1989), le Nordic Music Prize (2000), le Grawemeyer Award (2003), le prix Mickael Ludwig Nemmers de composition musicale (2007), ou encore le Heidelberger Künstlerinnenpreis (2009).
En 2008, le journal américain Musical America la nomme compositeur de l’année. Stéphane Roth (né en 1981) est allocataire-moniteur au département de musique de l’université de Strasbourg. Il est diplômé en musicologie, en histoire de l’art et en sciences du langage, et rédige actuellement une thèse de doctorat portant sur la relation entre les dimensions sonores et visuelles dans la musique des XIXe et XXe siècles (L’Oculocentrisme dans la pensée musicale occidentale : d’une conceptualité à l’œuvre, XIXe-XXe siècles).
Il collabore avec Kaija Saariaho depuis 2006 ; il a organisé les archives personnelles de la compositrice et prépare actuellement un ouvrage portant sur sa musique orchestrale. Ses principales publications jusqu’à présent sont des traductions (voir ci-dessous) ; il collabore par ailleurs à la revue Artpress. En 2010, il publiera Dire la musique, à la limite (Paris, L’Harmattan, coll. « Esthétiques »).