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Le montage simultané au cinéma, ou split screen, remis au goût du jour grâce aux logiciels de montage virtuel, n'évoque le plus souvent qu'une poignée de films américains des années 1960 et quelques oeuvres remarquables mais isolées telles que Napoléon (1927) d'Abel Gance ou The Chelsea Girls (1966) d'Andy Warhol, ainsi qu'un cinéaste, Brian De Palma, qui en fit une signature personnelle. Sait-on pourtant que le terme split screen figurait au début des années 1920 dans les manuels d'écriture cinématographique ? Dès les premières années du cinéma, avant même de monter linéairement les prises de vues, on imagine de les juxtaposer. Jusqu'à nos jours, les raisons à cela ne manqueront pas : pour que voisinent les rêves et la réalité, l'actuel et le possible, l'ici et l'ailleurs, mais aussi, plus abstraitement, pour établir un ordre social ou pour le briser, pour classer ou déranger, concilier ou diviser, ériger des frontières ou les subvertir, comparer et opposer, heurter les rythmes, provoquer des collisions de formes et d'idées. Sous la structure du montage simultané, aux variations infinies et paradoxales, traversant aussi bien le cinéma d'avant-garde et expérimental que le cinéma populaire américain, s'inscrivent toujours une réalisation de fantasmes, un geste politique, un acte de pensée. C'est ce grand tumulte structurel qu'explore cet ouvrage.