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Le 14 décembre 2006, la première chaîne de la télévision belge francophone présente une émission intitulée " Bye Bye Belgium ". Si la RTBF a clairement annoncé qu'il s'agissait d'une fiction, la forme de cette fausse émission d'actualité - le plateau du journal télévisé, son présentateur vedette, l'intervention d'hommes et de femmes politiques, des micro-trottoirs... - fait croire à de nombreux téléspectateurs que ce qui est annoncé - la fin de la Belgique et la déclaration d'indépendance de la Flandre - est une réalité qui justifie bien une édition spéciale du JT. La comparaison avec la fameuse émission de radio d'Orson Welles, qui annonçait, en 1939, la Guerre des Mondes, est évidente. Comment une chaîne de télévision publique a-t-elle pu réaliser une telle émission ? Imagine-t-on, en France, que le présentateur du JT de France 2, avec la complicité d'élus, puisse annoncer l'indépendance de la Corse ? Ou que dans la Russie de Poutine, la télévision tchétchène diffuse une fausse déclaration d'indépendance du Parlement ? " Bye Bye Belgium " opère une alchimie stupéfiante entre information et fiction. Véritable moment de gloire de la télévision, l'émission a provoqué une prise de conscience publique. Quant à la réalité qui a suivi, et dont la longue formation d'un gouvernement fédéral belge a été l'illustration, elle a, selon la formule consacrée, parfois dépassé la fiction. Un tel " traitement " a enflammé les débats sur le rôle de la télévision : on lui a reproché d'avoir manipulé l'opinion en propageant une fausse nouvelle, tout en lui reconnaissant une inventivité exceptionnelle ; on a critiqué la spectacularisation de l'information. En racontant la fiction de la fin de la Belgique selon un mode narratif, mais avec les moyens utilisés pour décrire des faits, " Bye Bye Belgium a ouvert un nouveau territoire télévisuel. Une nouvelle façon de raconter une histoire. Mais une histoire belge.