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On a lu, on lit, on lira Le Fils du pauvre, ce récit que Mouloud Feraoun commence à écrire dès 1939 mais n'achève qu'en 1948 et ne réussit à publier qu'en 1950. Au fil du demi-siècle d'existence des littératures du Maghreb, ou plus largement encore des littératures francophones - entendues comme littératures en français produites par des écrivains dont l'univers créatif se déploie en plusieurs langues et plusieurs cultures - l'oeuvre a acquis un statut de classique. La reconnaissance de la critique, qui contribue aussi pour sa part à légitimer le nouveau champ littéraire maghrébin, se double d'une reconnaissance de l'institution scolaire ou universitaire qui, fréquemment, place en avant ce texte de pionnier, mais au titre discutable de témoignage ethnographique. Cet ouvrage se propose de contribuer à une lecture plus littéraire de l'oeuvre, qui mette en perspective son histoire et sa poétique, et cherche de ce fait à comprendre comment et pourquoi, en dépit de la pseudo-simplicité dont elle a souvent trop vite été taxée, elle est l'emblème d'une certaine littérature francophone.
Martine Mathieu-Job est professeur à l'université Michel de Montaigne-Bordeaux 3. Ses travaux sont consacrés aux littératures coloniales et postcoloniales (celles de l'océan Indien et du Maghreb en particulier).