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Chacun connaît la fable de la grenouille et du scorpion. A ce dernier qui lui demande de le prendre sur son dos pour lui faire traverser la rivière, la grenouille répond : " je ne suis pas folle, si j'accepte, tu me piqueras avec ton dard et je mourrais ". " Raisonne un peu, réplique le scorpion, si je te pique, tu coules et moi aussi ! ". Finalement convaincue, la grenouille donne son accord et, au milieu de la traversée, reçoit? la piqûre mortelle. " Mais pourquoi ? " lui lance la grenouille avant de sombrer. " Que veux-tu, lui crie le scorpion, je ne peux m'en empêcher, c'est ma nature ! ". Cette fable illustre la position que la Nature est censée occuper dans la vie du monde et " suivre la nature " semble devenir l'impératif de l'époque contemporaine. En économie, en philosophie, en littérature ? De partout montent les discours reportant sur la Raison le malaise de et dans la modernité. Une Raison qui aurait eu la prétention de recréer, par la seule action de sa volonté, un monde artificiel construit sans prendre en compte voire contre l'ordre naturel des choses et qui, pour cette raison, aurait conduit le monde au chaos. Le droit n'échappe pas à ce mouvement général. Si les jusnaturalistes assument évidemment le rapport fondateur et nécessaire du Droit à la Nature, les positivistes le rejettent mais y succombent parfois ou sont soupçonnés d'y succomber. Au point de s'interroger : le jusnaturalisme serait-il la condition obligée, assumée ou refoulée, de toute la communauté des juristes ? Quel rôle a-t-il aujourd'hui dans le droit des sciences de la vie, dans le droit international public, dans le droit constitutionnel ? Est-il possible de penser le Droit sans la Nature ? Mettre en débat ces questions, tel est le propos du colloque "Le Droit, de quelle Nature ? ".