Biographie de Boccace
Boccace. Giovanni Boccacio est né en 1313 probablement à Certaldo (près de Florence) de mère inconnue et d’un marchand toscan, Boccaccino di Chellino. Il passe son enfance entre son père et sa belle-mère, Margherita dei Mardoli, de la famille des Portinari (celle même de la Béatrice de Dante). C’est peut-être à elle qu’il doit le culte de Dante qui dominera toute sa vie. En 1319, Boccace débute ses premières études à Florence.
En 1327, il accompagne son père à Naples pour y faire son apprentissage commercial. Mais, peu attiré par le monde des affaires, il se consacre à ses études de droit. Il vit alors avec son père à Naples, brillant centre culturel et économique de l’époque grâce au rayonnement de la cour de Robert d’Anjou. Son père est agent des Bardi à Naples et devient un fidèle du roi. Cette situation permet à Boccace de fréquenter les milieux mondains et aristocratiques. Il découvre les lettres avec délice, favorisé en cela par la présence de personnages tels que Cino da Pistoia, Paolo da Perugia, Andalo da Negro... qui font miroiter devant ses yeux la gloire déjà brillante de Pétrarque. En 1340, la crise de la compagnie des Bardi contraint Boccace à rentrer à Florence. Ce dur contact avec les nécessités de l’existence lui révèle des aspects plus immédiats et plus concrets de la vie sociale, et particulièrement de ce milieu de marchands entreprenants et rusés auquel il appartient. En 1348, la grande peste décime la population à Florence. C’est à ce moment-là que Boccace écrit le Décaméron. Après la mort de son père en 1349, Boccace doit prendre soin de la fortune compromise de sa famille. En même temps, sa renommée littéraire, désormais établie, le fait désigner par ses concitoyens pour remplir plusieurs missions de confiance, diplomatiques et culturelles. En 1350 il est envoyé comme ambassadeur auprès des seigneurs de Romagne et est chargé de remettre dix florins d’or à la fille de Dante, sœur Béatrice, à titre d’indemnité pour les dommages de guerre subis par sa famille. Mais ces missions honorifiques ne le soustraient pas de la pauvreté dans laquelle l’a plongé la ruine des Bardi. En 1351, Boccace fait la connaissance de Pétrarque : la rencontre la plus féconde et la plus décisive de la littérature italienne et même européenne du XIVe siècle. En dehors des contacts trop rares, une correspondance ininterrompue, un échange continuel de livres et de nouvelles littéraires, une communication constante par l’intermédiaire de fidèles amis communs, font d’eux, selon la propre expression de Pétrarque, « une seule âme dans deux corps ». Fatigué de la vie citadine et politique de Florence, Boccace se retire dans sa maison de Certaldo, où il entame une période de recueillement et traverse une crise religieuse. Sa maison devient l’un des foyers de l’humanisme naissant, grâce aux nombreuses découvertes littéraires de l’érudit. À partir de 1373, Boccace se consacre avec de plus en plus d’enthousiasme au culte de Dante, dont il rédige une Vie. La seigneurie de Florence le charge de commenter en public La Divine Comédie en l’église de Santo Stefano de la Badia. Il s’arrête au chant XVII de l’Enfer pour des raisons de santé et parce qu’il se reproche de vulgariser la pensée de l’auteur. La mort de Pétrarque en octobre 1374 creuse dans le cœur de Boccace un vide que rien ne peut combler. Tous ses écrits ne sont plus qu’une lamentation sur la perte du grand ami et l’abandon spirituel dans lequel il l’a jeté. Le 21 décembre 1375, Boccace meurt à Certaldo, à 62 ans. Convaincu de la valeur éternelle des lettres, il souhaite avoir pour épitaphe sur sa tombe les mots : Studium fuit alma poesis (L’étude mène à la poésie). Boccace a écrit en prose et en vers, en italien et en latin. Il est essentiellement connu et reconnu pour son Décaméron, écrit entre 1349 et 1351, splendide couronnement de ses expériences juvéniles, aboutissement de son œuvre en prose, dans lequel la nouvelle du Moyen Age atteint son plus haut degré de perfection. À ses débuts, ses vers ne sont guère que des exercices littéraires. C’est sous la forme d’un roman que son expérience amoureuse lui dicte sa seule œuvre napolitaine notable, le Filocolo (1336-1338), qui narre les amours de Fleur et Blanchefleur. Boccace compose des œuvres « romanesques » : la Caccia di Diana (1334 ?), le Ninfale d’Ameto (1341-1342), l’Elegia di Madonna Fiammetta (1344-1345 ?). La dernière œuvre remarquable de cette période est le Ninfale fiesolano (1344-1346), poème qui mêle les tons réalistes de la poésie populaire aux tours mélodiques de la poésie de cour. Ces œuvres révèlent quelques traits spécifiques, dont l’inspiration amoureuse et courtoise, et l’aspiration à la gentilezza (noblesse et raffinement). Après le Décaméron, les œuvres en latin se multiplient : De Genealogia deorum gentilium, Buccolicum Carmen, De Claris Mulieribus, De Casibus virorum illustrium, De Montibus, silvis, fontibus. Cette production postérieure au Décaméron est remarquable par son encyclopédisme et la richesse de ses informations. Boccace est le premier lettré occidental à découvrir la littérature grecque. Dans la Genealogia, il consacre tout un chapitre à la culture hellénique. Enfin, Boccace se fait le défenseur et l’illustrateur de la poésie depuis ses origines jusqu’à l’époque contemporaine. Boccace est aussi l’auteur du Corbaccio (probablement écrit entre 1365 et 1366), violente diatribe misogyne qui témoigne d’un évident recul par rapport au Décaméron : le retour en arrière d’un homme qui ne s’est pas totalement détaché du Moyen Âge.