Biographie de Mario Rigoni Stern
Mario Rigoni Stern né en 1921 à Asiago, ville des Alpes de Vénétie, sur le plateau des Sept-Communes, dans le Dolomites, d'un père négociant en vin et d'une mère issue d'une famille de notaires et avocats sur plusieurs générations. Ses années de jeunesse se déroulent entre études, ski, escalade, chasse et lecture. Comme les autres enfants et adolescents de son âge, il participe aux activités et entraînements sportifs et paramilitaires des jeunes Balilla (l'organisation fasciste pour la jeunesse mise en place en 1926).
A 17 ans il réussit le concours d'entrée à l'Ecole militaire centrale d'Alpinisme d'Aoste, où il reçoit une formation d'Alpino (chasseur alpin), suivant ainsi les pas de nombreux hommes de sa famille. Dès le début de la guerre, il est envoyé en France, en Grèce, en Albanie et en Russie. Il vit en première ligne les désastreuses batailles de la grande armée européenne lancée par Hitler contre l'Urss.
A la chute de Mussolini, il est capturé par les Allemands et interné dans plusieurs camps en Prusse orientale, en Pologne et dans la Styrie autrichienne annexée à l'Allemagne nazie. Durant ses longs mois de détention, il note, malgré des conditions très difficiles, ses souvenirs de guerre dans un carnet. Il s'évade en mai 1945 et revient chez lui à Asiago, à bout de force et dévasté par ses années d'épreuves.
Il réapprend à vivre dans ses bois et aux côtés d'Anna Maria qu'il épouse en mai 1946. Il trouve un emploi au bureau du cadastre de sa ville, qu'il gardera jusqu'à la retraite. Le récit de la retraite de Russie où périrent près de 80 000 soldats italiens fait l'objet de son premier livre Le Sergent dans la neige, publié en 1953, qui rencontre un énorme succès auprès du public, comme de la critique, et connaîtra de nombreuses rééditions et traductions.
Ce premier livre sera suivi de nombreux autres. Mario Rigoni Stern s'éteint le 16 juin 2008 à Asiago, dans la maison qu'il avait construite avec ses fils, après une vie d'écrivain menée en marge des mondanités littéraires, malgré son immense notoriété en Italie. Témoin de première ligne, Rigoni s'est fait conteur de son siècle de guerres et de terreur. Il a su préserver par-delà les deuils et les traumatismes collectifs, le sens d'une histoire partagée faite d'amitié, de gestes quotidiens liés du travail de la forêt et de la terre, de transmission d'une génération à l'autre.
Primo Levi a dit à maintes reprises son admiration pour son ami, qui avait survécu non seulement à la guerre et au camp, mais qui avait su "garder son authenticité dans notre époque de fous".