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La Théorie critique du sport s’est donnée pour tâche de renverser les doxa de l’idéologie de la domination sportive. Ses interventions militantes contre la sportivisation du monde vécu, ses campagnes politiques contre les atteintes délibérées des instances sportives aux droits de l’homme permettent d’élucider la nature profondément réactionnaire et tyrannique du sport-spectacle de compétition. Le sport compris comme la science expérimentale du rendement corporel et comme un mode de production de corps armés par et pour la compétition de tous contre tous, génère constamment des effets violents, destructeurs et autodestructeurs. L’apologie mortifère du dépassement indéfini des limites, les diverses mythologies du surhomme, l’incitation permanente aux courses, défis, exploits, records suicidaires et la spectacularisation capitaliste des «héros» du stade engendrent une aliénation de masse et permettent ainsi de consolider les pouvoirs en place.
Jean-Marie Brohm est professeur émérite de sociologie à l’Université Montpellier III, directeur de publication de la revue Prétentaine et membre de l’Association Internationale Interactions de la Psychanalyse (A2IP).