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A la fin des années 1960, le dessin fit l'objet d'un développement singulier qui s'observa en particulier aux Etats-Unis. Les artistes américains diversifièrent considérablement ses formes en l'adaptant à l'échelle architecturale jusqu'à le matérialiser dans le volume, sous une forme plastique. Ils ajustèrent ses dimensions et parfois ses techniques, l'exécutant sur des supports tels que le mur, le sol ou la surface terrestre, et ils portèrent leur attention sur sa dimension processuelle. Cette expansion spatiale, dite spatialisation, fut le fruit de différents facteurs, dont le rejet du pictocentrisme moderniste, le nivellement de la hiérarchie entre les médiums et l'avènement de nouvelles valeurs comme le primat du concept. Ce livre est consacré à ce phénomène du dessin qui, quittant le support du papier, accéda à la troisième dimension. Il pose son extension physique comme la conséquence de son intermédialité en particulier avec la performance et la sculpture, dans un cadre où les arts visuels étaient appelés de manière générale à se déployer dans l'espace. Au moyen d'un plan tripartite - discours, pratique artistiques et approches institutionnelles - et à l'appui de nombreuses sources primaires, cette enquête minutieuse vise à inscrire le dessin au coeur même des débats qui animèrent la scène américaine, à montrer la place centrale qu'il occupa en tant que ressource - technique, expressive, esthétique, conceptuelle - dans les pratiques artistiques des années 1960 et 1970, et à établir le contexte qui rendit possible sa transformation.
Titulaire d'un doctorat ès lettres de l'université de Genève, Laurence Schmidlin est historienne de l'art et conservatrice de musée. Ses recherches portent en particulier sur le dessin et l'estampe.