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Des menaces venues du management et des marchés pèsent sur l’autonomie dans le travail de professions revendiquant un haut niveau de compétence (médecins, juristes, etc.). Or, la sociologie des professions est fortement interpellée par ces évolutions. Jusqu’aux années 1960, elle s’était particulièrement intéressée à ces activités, reprenant souvent sans distance le discours des professionnels sur leurs pratiques. Mais une sociologie plus critique a ensuite mis l’accent sur les similitudes avec des métiers moins prestigieux (plombier, infirmière). Ayant accordé peu d’attention aux spécificités de certains types de métiers, cette deuxième approche, aujourd’hui dominante, est peu armée pour penser les enjeux des évolutions actuelles.
Un premier objectif de cet ouvrage consiste à présenter systématiquement les auteurs, les théories, les démarches et les thèmes (carrières, travail, genre, statuts, etc.) constitutifs de ces deux approches successives des professions. Puis l’auteur met en évidence l’émergence d’un troisième regard, qui vise à résoudre les difficultés rencontrées par l’approche critique. S’aidant des réflexions d’Aristote sur les formes d’action dans des situations de forte incertitude, il montre à partir de plusieurs exemples comment les pressions productivistes et les tendances à la standardisation et à la bureaucratisation du travail professionnel menacent la place des « pratiques prudentielles » dans nos sociétés.