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La poésie savoure les mots. C'est tout spécialement vrai de celle du moyen âge latin, qui joue avec une langue qui n'est pas la langue maternelle de ses auteurs. Ces derniers s'aident à cette fin des deux premières sciences du langage : la grammaire, qui propose à leur émulation les modèles du passé, et la rhétorique, inspiratrice de formes nouvelles. Or, par leur entremise, la saveur se fait savoir : les plus hautes réalisations de la littérature médiolatine font de la beauté l'humble auxiliaire d'une quête de sens. Ainsi, c'est d'un effort pour façonner l'indicible qu'entendent témoigner les treize études rassemblées dans ce volume. D'Anselme le Péripatéticien (milieu du XIe siècle) à Evrard l'Allemand (milieu du XIIIe), le travail sur la langue ne prétend à rien de moins que recueillir les éclats de la transcendance. Cette démarche trouve un lointain écho aussi bien dans la mystérieuse poésie irlandaise des âges obscurs que dans l'idéal entrevu par les modernes symbolistes.