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La parution de la traduction de l'ouvrage de Teresa Obolevitch sur la philosophie religieuse russe est bienvenue dans le paysage culturel français. Elle vient s'insérer dans une série de publications qui, en France, depuis environ deux décennies, ont été consacrées à la philosophie russe et ont fait évoluer l'image que les Français se faisaient de la nature et de l'évolution de ce domaine du savoir en Russie. Et ce n'est pas le moindre mérite de Teresa Obolevitch que d'avoir montré ici comment, dans ce vaste paysage de la philosophie actuelle en Russie, la philosophie religieuse russe avait encore et réellement sa place. C'est toute l'histoire de cette pensée qui, par son ancrage dans la religion orthodoxe et la tradition byzantine, a permis de faire apparaître l'un des courants les plus importants de la philosophie russe, celui précisément de la philosophie religieuse. Ici, les délimitations géographiques ne sont plus pertinentes, ce sont les spécificités culturelles qui priment ainsi que les empreintes dont elles marquent les œuvres. Nous avons affaire autant à certains philosophes qui ont vécu et sont morts, parfois de façon tragique, en Russie ou en Union soviétique (Vladimir Soloviev, Alekseï Losev, Pavel Florensky) qu'à d'autres qui ont émigré et ont réalisé une grande partie de leur oeuvre dans l'émigration (Nicolas Losski, Nicolas Berdiaev, Simon Frank, Serge Boulgakov). L'important, en temps de péril, n'est pas le lieu, mais l'héritage, le témoignage ou le message, tant il est vrai que dans son ouvrage, l'auteur cherche à montrer comment, dans le contexte d'une histoire culturelle millénaire et chrétienne, la fréquentation séculaire de la théologie et de la philosophie a pu faire surgir, tout d'abord en certains lieux et selon certains modes privilégiés, des thèmes aptes à nourrir encore la pensée contemporaine.