Il n'y a pas de pensée sans expression ni de parole sans pensée. En outre, qu'il soit enfant ou adulte, c'est en parlant que l'homme connaît. Sa raison,... > Lire la suite
Plus d'un million de livres disponibles
Retrait gratuit en magasin
Livraison à domicile sous 24h/48h* * si livre disponible en stock, livraison payante
26,00 €
Expédié sous 3 jours
ou
À retirer gratuitement en magasin U à partir du 12 novembre
Il n'y a pas de pensée sans expression ni de parole sans pensée. En outre, qu'il soit enfant ou adulte, c'est en parlant que l'homme connaît. Sa raison, logos, est inséparable de son verbe, logos. Or l'élément premier de la parole, et donc de la connaissance, est le mot. Les mots ne seraient-ils que, "des mots", que nous inventerions ? Ou les entendons-nous venir du fond de l'être, chargés d'énergie cosmique ? L'homme, ce microcosme, décèle le chiffre des choses. Reconnaissant leur idée qui sommeille en lui-même, il les nomme. Il crée les langues, parce qu'il est à l'écoute du langage de l'univers. Et il l'exprime, selon la diversité de son histoire et de sa culture, avec des mots qui sont les hiéroglyphes dynamiques des choses. Par eux, l'homme en prend conscience en tant que sens. Ainsi, en particulier, apprendre une langue étrangère ou traduire dans une autre langue, c'est donner différemment corps à un seul et même langage. "Au commencement était le Verbe". Prenant cette révélation dans toute sa réalité, tant pour l'être que pour la parole et pour la pensée, Boulgakov procède en fait à une réforme de la philosophie. La théorie de la connaissance devient celle du langage. La grammaire se présente alors comme une gnoséologie et une logique concrètes. Entre le ciel et la terre, le Créateur transcendant et la créature immanente, le verbe établit une relation vivante et féconde : le logos de l'homme est à l'image du Logos divin. Cette analyse et cette philosophie de la parole sont sans doute uniques dans l'histoire de la pensée. Elles permettent au génie de Boulgakov de montrer que les mots, et surtout les noms, ont une force existentielle et cosmique, comme en témoignent l'incantation, la magie, la prière... Le Nom par excellence, celui de Dieu, ou plutôt ceux connus des hommes, ne sont donc certes pas sans porter ni communiquer une énergie divine.