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Béatrice Bonhomme explore ici un registre, celui du grotesque, de la mort bouffonne dans l'oeuvre de Jean Giono, ce qui ne manque ni de courage ni d'originalité. Car, par un curieux paradoxe, ce grand rire carnavalesque aux proportions rabelaisiennes, qui explose presque à chaque page de Giono, beaucoup refusent de l'admettre, se réfugiant dans la lecture dépassée (et fausse) du romancier "des vertus champêtres"... "C'est le monstrueux qui m'attire", confiait Giono. Un monstrueux particulièrement vorace, engloutissant les éléments des trois règnes : minéral, animal, végétal. Ainsi sur Langlois, dans Un roi sans divertissement, "à la place de sa tête volée en éclats", "pousse hors de ses épaules les épais feuillages rouges de la forêt qu'il contenait"... La mort, omniprésente, est grotesque parce qu'elle est dynamique, métamorphique : le cadavre inerte et bleu bouge encore, le corps surpassant fantastiquement ses capacités biologiques. Tout prend ici d'énormes proportions, partout règne une grandeur d'Apocalypse : une épidémie ne fait pas quelques victimes, elle provoque une hécatombe mémorable. Le grotesque est pulvérisation des limites : "Nous sommes, écrit Béatrice Bonhomme, en présence d'un monde imaginaire où le sang, la maladie, la mort, occupent une place de choix. Et il nous semble précisément que cela relève d'une esthétique - l'esthétique grotesque -, la mort donnant au corps une dimension d'ouverture cosmique : C'était la tête de Langlois qui prenait les dimensions de l'univers"... Il y a enfin (et peut-être surtout) un "rire gionien", une ironie particulière à cet auteur mais qui, placée à la charnière du "grotesque populaire" et du "grotesque romantique", touche au surréalisme en se rapprochant du fantastique des "grandes profondeurs" (Maurice Levy) d'un Lovecraft.
Une étude du grotesque - notamment dans son rapport à la mort - dans l'oeuvre de Jean Giono, définissant enfin l'essence du rire à la fois jubilatoire et amer chez ce très grand romancier.