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Si La Mort le Roi Artu, épilogue de tout un cycle, est la continuation du Lancelot et de La Queste del saint Graal, c'est aussi une réécriture de l'histoire légendaire de la fin du règne d'Arthur qu'avaient déjà traitée Wace dans son Roman de Brut (milieu du XIIIe siècle) et Robert de Boron dans son Perceval en prose (début du mir siècle). Mais seule La Mort le Roi Artu, récit de vengeance et drame de la fatalité fondé sur le concept de mescheance, fait découler l'écroulement du royaume arthurien de la découverte des relations coupables entre Lancelot et la reine Guenièvre. Si la luxure et la démesure sont les grandes responsables de la catastrophe, la prophétie la plus ancienne, la vision du serpent sorti du ventre d'Arthur, est inséparable de l'inceste du roi, élément original du Lancelot-Graal. Tout le péché du monde se cristallise sur la figure du roi dont l'aveuglement, qui n'est pas seulement psychologique, est le signe d'une déréliction : Dieu ne répond jamais à son appel. Certes, très maîtrisé, riche du non dit d'une oeuvre occultée et de dénouements contrastés, ce roman dont la vérité est souvent fuyante, masquée par les variantes de la parole, constitue un panégyrique du héros chevaleresque et courtois que fut Lancelot, modèle de la chevalerie terrienne. Toutefois, La Mort le Roi Artu, à travers le mythe d'Arthur qui prend le relais du mythe du Graal, poursuit le même objectif que La Queste del saint Graal : dans un monde où le siècle s'est désagrégé mais qui reste illuminé par le Graal au point que seuls ceux qui l'ont approché ont droit à une fin sereine et pieuse, il faut faire son salut dans la retraite et la pénitence, loin des tournois et des guerres où le chevalier oublie le service du Christ.