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L'histoire intellectuelle de la période 1939-1965 fait voir autrement la guerre non réductible à la conscription, mais porteuse de prospérité économique et syndicale, d'effervescence culturelle, de fin du pétainisme intellectuel des Québécois. Ils en sortent conscients d'un rapport d'altérité avec la France et d'un rapport de similitude avec l'Amérique mieux définis. La guerre induit aussi une modernité plus large que celle pour laquelle Borduas, Pellan et les Automatistes se battent ; la modernisation oblige à regarder le traditionnel qui traverse les deux trames les plus fortes du Québec : la religion et le nationalisme. Entreprendre, une fois constatée "l'unité spirituelle factice" , de critiquer le catholicisme et le nationalisme, c'est délester ces deux composantes culturelles du poids de leur anachronisme. Les années 1950 ne sont plus un angle mort masqué par la fausse compréhension du changement supposément portée par ce qui aurait été une révolution tranquille plus ou moins datée du 22 juin 1960. La mise en valeur de la liberté, la dénonciation de la peur, du silence et de l'instrumentalisation de la politique et de la religion par les résistants de cette décennie montrent l'époque autrement. Une découverte importante de la présente histoire réside dans le fait que 50 ans après cette période, le Québec vit toujours son rapport de malaise avec le passé. Fernand Dumont l'avait bien vu en 1958, il y aurait un "vide spirituel" à combler.