Ce n'est ni un conte, ni une tragédie, ni une comédie ; ce roman, c'est son histoire... C'est le foutoir dans ma tête. Pourtant j'aime le classement.... > Lire la suite
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Ce n'est ni un conte, ni une tragédie, ni une comédie ; ce roman, c'est son histoire... C'est le foutoir dans ma tête. Pourtant j'aime le classement. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, ma vie sociale a toujours été rythmée et ordonnée par ce principe avec une précision quasi mécanique, obsessionnelle même. J'ai la passion des dossiers suspendus et des classements en arborescence. Avoir la certitude de pouvoir exhumer une information précise, d'attraper un dossier sans chercher, sans hésiter, me procure un sentiment de sécurité indispensable. Dans ma tête c'est le foutoir. On se croirait dans le bureau d'un obscur notaire de sous-préfecture qui approche de la retraite et se retrouve dépassé par quarante ans d'archives non classées. Un demi-siècle de successions, de cessions et d'actes tous plus compliqués les uns que les autres. Des piles énormes de donations à un hypothétique dernier vivant mort depuis vingt ans. Une vie entière de recherches généalogiques inabouties butant sur des cousinages inextricables. Le tout gisant à même le sol ou sur le sommet d'armoires bancales prêtes à vomir des tonnes de documents dactylographiés, authentifiés, paraphés, officialisés mais néanmoins jaunis, et oubliés de tous sauf des araignées. Dans ma tête c'est comme une chambre de gosse jamais rangée. Tout y est, tout est là, posé, empilé, entassé mais dans un ordre tellement improbable que rien n'est accessible simplement. Difficile d'attraper un souvenir heureux sans prendre sur la tête le lourd dossier marqué "ambiances familiales" . Impossible de sortir la fiche "j'étais heureux d'aller pêcher avec mon père" sans mettre à jour l'impression honteuse de la voiture surchargée transportant pour les vacances toute la smala familiale, comme la bande annonce d'un film de Kusturica. Si je m'agenouille pour attraper sous le lit le recueil intitulé "Ecole communale" , je me blesse sur la voiture de pompiers Dinky Toy oubliée là depuis l'enfance. Rien de plus solide et de plus agressif que ces voitures en métal. Surtout la grande échelle.