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Celui qui écrit sur la tablette est absorbé, comme s'il ne voyait rien autour de lui. Et peut-être ne voit-il rien. Il ne sait peut-être pas ce qui l'entoure. Il suffit du style qui grave les lettres pour capter son attention. La tête qui navigue sur les eaux chante et saigne. Chaque vibration de la parole présuppose quelque chose de violent, un palaión pénthos, un "deuil ancien". Un meurtre ? Un sacrifice ? Ce n'est pas clair, mais la parole ne cessera jamais de le raconter. Apollon empoigne sa lance de laurier. En tendant l'autre bras, il indique quelque chose : impose-t-il ? défend-il ? protège-t-il ? Nous ne le saurons jamais. Mais ce bras tendu, comme dans l'Apollon du Maître d'Olympie, axe immobile au centre du tourbillon, embrasse et soutient la scène entière - et toute littérature.
Les dieux sont les hôtes fugitifs de la littérature. Ils la traversent, laissant leurs noms dans leur sillage. Mais ils la désertent très vite. Presque tous les poètes du XIX ? siècle et la plupart de ceux du XX ? , des plus médiocres aux plus sublimes, ont écrit des poésies où les dieux sont nommés : à cause d'une habitude scolaire séculaire ; ou pour paraître nobles, exotiques, païens, érotiques, érudits, voire tout simplement poétiques. Qu'Apollon soit nommé au lieu d'un chêne ou de l'écume des mers ne change rien à l'affaire : ce sont les termes du lexique littéraire, polis par l'usage. Il fut pourtant une époque où les dieux, loin d'être en premier lieu une habitude littéraire, étaient un événement, une apparition soudaine, comme la rencontre avec un bandit ou le surgissement d'un navire. Tout a commencé avec Homère. Tout commence donc par la question : comment, dans ses vers, cet événement est-il nommé ? Il fut pourtant une époque où les dieux, loin d'être en premier lieu une habitude littéraire, étaient un événement, une apparition soudaine, comme la rencontre avec un bandit ou le surgissement d'un navire...